Journal L'oisif - Printemps 2019
9 actualités D epuis 1986 existe la Fédé- ration des maisons d’hé- bergement pour femmes du Saguenay. Celle-ci a pour but de venir en aide aux femmes en détresse face à la violence, la pré- carité, les oppressions. Contraire- ment à l’idée très répandue que les fondations d’aide aux femmes sont expressément dédiées aux femmes adultes, voire aux mères de famille, il y a beaucoup de services alloués aux plus jeunes. En effet, la Fédération propose plu- sieurs services, aussi bien un service hébergement qu’un service-conseil. Les jeunes filles peuvent donc venir discuter de leurs relations amou- reuses ou sexuelles. Des services ex- ternes visant à sensibiliser et à pré- venir à l’aide d’ateliers, de kiosques, de rencontres sont également offerts. « Nous aimerions aider tout le monde, mais cela reste très dur. Nous faisons face à un manque de moyens conséquents et devons ain- si refuser de l’aide à beaucoup de femmes », confie Valérie Gobeil, coordonnatrice des services de la Fédération. En effet, les violences et les situations précaires sont dénon- cées de plus en plus tôt et par de plus en plus de femmes, qu’elles soient jeunes, âgées, mères de famille. Les centres manquent cruellement de moyens et la demande est trop grande par rapport aux services of- ferts. « L’idéal ce serait de mieux adapter les lieux, accueillir plus de femmes, mais rester dans l’op- tique d’un confort acceptable pour toutes », complète M me Gobeil. Le but est de redonner aux femmes la confiance qu’elles ont bien sou- vent perdue, continue-t-elle, et leur montrer qu’elles ont autant de pouvoir que n’importe qui. C’est à une véritable décontraction sociale qu’aspire la Fédération, à l’arrêt du partage d’idées comme quoi une femme se résume à son physique et à son « rôle » de mère ou de ména- gère. Car qu’on le veuille ou non, la place de la femme dans la société est liée à une construction sociale pro- fondément inculquée dans le monde d’aujourd’hui. Il ne faut pas oublier que Le guide de la bonne épouse , dans lequel on pouvait lire certaines phrases comme : « Acceptez alors avec hu- milité tout en gardant à l’esprit que le plaisir d’un homme est plus im- portant que celui d’une femme », à propos des relations sexuelles, était encore distribué en 1960. Il s’agit, ainsi, de ne pas voir que les droits acquis, mais également ceux à ac- quérir, rappelle la coordonnatrice. Pour le bien de la femme, il est es- sentiel qu’une déconstruction se fasse, poursuit-elle, car il est en- core considéré que les enfants sont la responsabilité presque entière de la mère, tout comme l’entretien du logement, ce qui constitue un poids psychologique considérable. Il est important de continuer la sensibili- sation afin de pouvoir prétendre à la même sécurité et aux mêmes droits que n’importe qui. Rappelons que la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes du Saguenay organise des campagnes de financement auprès du Pharmaprix Johanne Gagnon de la Place du Royaume, à Chicouti- mi, chaque année. Il est cependant possible de faire un don financier ou matériel à n’importe quel mo- ment de l’année. Les dons plus spé- cifiques sont également acceptés, toute aide étant la bienvenue. Une oreille pour les jeunes femmes Valérie Gobeil, coordonnatrice des services de la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes du Saguenay Photo courtoisie Nous aimerions aider tout le monde, mais cela reste très dur. » - Valérie Gobeil FÉDÉRATION DES MAISONS D’HÉBERGEMENT CAMILLE JOSSE
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