Journal L'oisif - Printemps 2019

4 actualités A u Cégep de Chicoutimi, 5% des étudiants pro- viennent d’autres pays et doivent, en plus de s’adapter au mode de vie collégial, s’accommo- der à une nouvelle culture. Cette tâche est un grand défi pour ces jeunes étudiants internationaux qui arrivent totalement dépaysés dans ce milieu inconnu pour eux qu’est le Québec. Cela a été le cas d’Ahmed Ennaji, étudiant marocain au Cégep de Chicoutimi depuis l’automne dernier. Il souhaite continuer son cheminement scolaire en génie in- formatique à l’Université du Québec à Chicoutimi, comme son père et son oncle l’ont fait avant lui. Ahmed a débuté son parcours comme étudiant en Sciences de la nature, avant de poursuivre en Trem- plin-DEC avec quelques cours de génie industriel. En arrivant au Saguenay pour la pre- mière fois de sa vie, il n’est pas peu dire qu’Ahmed a rencontré quelques difficultés! Son premier grand obs- tacle : comprendre le jargon québé- cois. « Je savais même pas ce qu’était un sacre! Déjà avec l’accent c’était dif- ficile, mais là, je comprenais rien du tout! Moi, je ne faisais que regarder les gens et sourire », a-t-il partagé, en entrevue avec L’Oisif , au Cégep de Chicoutimi. La langue maternelle d’Ahmed est l’arabe et bien qu’il parlait déjà français, personne n’est jamais réellement prêt à entendre certaines des expressions québé- coises saugrenues! UNÉCARTRELIGIEUX Au Maroc, le rapport avec la religion n’est pas du tout le même qu’ici et cette dernière est même incluse dans la scolarité. « Bien sûr, j’ai eu une éducation religieuse, mais le fait que mes parents étaient très ouverts d’esprit m’a aidé à ne pas avoir d’im- mense choc culturel en arrivant. » Toutefois, ce qui a surpris Ahmed, qui est musulman, c’était de consta- ter que certains sujets de conversa- tions ou activités, qui sont tabous chez lui, semblent si banals pour ses nouveaux amis québécois. « La culture des bars, sortir boire avec des amis, moi, je n’avais jamais vrai- ment intégré cela, mais je commence à m’y faire. » PÉDAGOGIEDIFFÉRENTE Un autre changement qui a stupéfié le jeune Marocain est le système pédagogique québécois. Égaré entre Omnivox (l’application électronique permettant aux étudiants de commu- niquer avec leurs professeurs et de consulter leurs résultats scolaires) et des frais de scolarité supplémen- taires mystères, Ahmed a également été momentanément déstabilisé par la grande amicalité des enseignants. Voir des étudiants plaisanter avec ces derniers était impensable pour lui puisqu’au Maroc, l’autorité des professeurs est beaucoup plus rigou- reuse. Toutefois, le jeune homme de 18 ans était bien heureux de cette proximité amicale, car ses ensei- gnants ont pu contribuer à son inté- gration. UNEFACILITÉÀS’ADAPTER Malgré ces quelques différences culturelles, Ahmed, habitant chez son oncle et n’étant pas complète- ment autonome, a pu se libérer d’une immense pression financière et s’in- tégrer rapidement au milieu. Quels sont les autres éléments qui ont facilité son adaptation? Avoir sa citoyenneté canadienne (Ahmed est né au Maroc, mais son père avait sa nationalité canadienne et lui a trans- mis) et se perdre dans les rues de Chicoutimi ! Eh oui, c’est en se perdant qu’Ah- med a fait son premier contact avec de jeunes Québécois qui sont rapi- dement passés du statut d’inconnus à celui de bons amis. En effet, selon Ahmed, le meilleur moyen de s’in- tégrer est de côtoyer le plus souvent des Québécois! « Fais-toi des amis québécois et ne reste pas dans une petite communauté que tu connais déjà : ouvre-toi au monde. » Si on se fie à son expérience, cela a très bien fonctionné! Un grand défi à relever À 17 ans, Ahmed Ennaji a quitté le Maroc pour étudier à Chicoutimi afin de devenir ingénieur comme son père. Photo Gabrielle Boutin ÉTUDIER À L’INTERNATIONAL GABRIELLE BOUTIN Fais-toi des amis québécois et ne reste pas dans une petite communauté que tu connais déjà : ouvre-toi au monde. » - Ahmed Ennaji

RkJQdWJsaXNoZXIy MTQ1OA==