Journal L'oisif - Printemps 2019

19 sports C hers partisans du Canadien de Montréal, Après 26 ans sans coupe Stanley, comment faites-vous pour y croire encore? Croire en ce rêve prémâché que l’organisa- tion de la Sainte-Flanelle propage dans les esprits, sans même pen- ser que ce dernier soit réalisable. Le hockey montréalais se nourrit et vit de l’espoir des fans, mais ce dernier finit immanquablement par s’échouer sur les terrains de golf. Bien sûr, il est pessimiste de dire que le Tricolore ne rapportera plus jamais le grand honneur au Centre Bell, mais n’est-il pas naïf de penser pouvoir le remporter quand le CH se bat chaque année pour une place en séries? Depuis leur dernière victoire du championnat en 1993, les Cana- diens ne se sont pas qualifiés pour les séries éliminatoires à neuf occasions, un nombre plus impor- tant qu’en 76 ans d’histoire (ils ont été exclus à huit occasions de 1917 à 1993). UNE RECONSTRUCTION NÉCESSAIRE L’administration des Glorieux et les médias l’entourant préfèrent formuler des réponses nébuleuses aux conférences de presse et vendre du rêve plutôt que de voir la réalité en face : les Canadiens ont besoin d’une reconstruction dans l’immédiat! Saison après saison, Geoff Molson continue de vendre des billets, des bières, des hot dogs et des jerseys à des prix exorbitants aux partisans toujours aussi hystériques et enthousiastes. Comment cette popularité au- près du peuple peut-elle subsister malgré la dégringolade extrême que subit l’équipe? Cette ques- tion m’est longuement restée sans réponse jusqu’à ce que j’en discute avec mon père qui, après plusieurs décennies à jurer fidélité au Tricolore, a rendu les bâtons et retranché ses toiles de Carey Price et de Brendan Gallagher au grenier. DES VEDETTES PLUTÔT QUE DES SPORTIFS Il m’a dit une chose toute simple : « Au Québec, les Ca- nadiens, ce n’est plus juste une équipe de hockey, c’est un culte et ils n’ont aucune concurrence. » En effet, au fil du temps, les Qué- bécois se sont raccrochés au Bleu Blanc Rouge à un tel point que les joueurs n’étaient plus considérés comme des sportifs, mais comme des vedettes; des idoles. À Montréal, que vous soyez joueur étoile, recrue ou ailier droit sur le quatrième trio, tout le monde veut une photo avec vous! L’aspect grandiose du sym- bole « CH » sur les chandails a dépassé en importance la qua- lité des performances données sur la glace. De plus, il est vrai qu’il y a une certaine pression de moins sur les épaules des Habs, puisqu’ils possèdent le mono- pole du marché : qui les partisans iront-ils voir jouer si ce n’est pas eux? Personne. UNE COÏNCIDENCE QUI PARLE Curieusement, les Nordiques de Québec ont tiré leur révérence en 1995 et, depuis ces années , coïn- cide le début de l’affalement des Canadiens… Il est certain qu’il serait insensé de demander aux joueurs d’en faire plus, mais ne serait-il pas temps que les spec- tateurs, amateurs et amoureux du hockey, tels que vous et moi, réagissent et provoquent le chan- gement? Mais bon, je dis cela comme ça, vous savez, je ne suis qu’une des milliers de partisanes dont le ta- touage du CH commence à s’ef- friter sur son cœur. Ouvrez vos yeux: le CH est malade GABRIELLE BOUTIN CHRONIQUE Tel Jean Béliveau, mon père a retiré son chandail du Canadien de Montréal après 20 ans de fidélité, mais avec beaucoup moins de fierté. Photo Steve Boutin Après 26 ans sans coupe Stanley, comment faites-vous pour y croire encore? »

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