Journal L'oisif - Printemps 2019

10 actualités L’ Académie française a reconnu la fémini- sation des noms de métiers à la fin du mois de fé- vrier dernier. L’acceptation de cette féminisation, après des années de débat, est le reflet des changements dans la société, « cela montre que la langue évo- lue », explique Vincent Arnaud, linguiste, professeur agrégé et responsable du Laboratoire de phonétique expérimentale de l’Université du Québec à Chicoutimi. Outre cette fémini- sation, il existe plusieurs autres façon de féminiser la langue ou de la rendre plus inclusive. Rappelons tout d’abord que l’Académie française, au même titre que l’Office québécois de la langue française (OQLF), sont des institutions dont le but est de tenter de normaliser et de perfectionner la langue française. Les règles de ces institutions ne sont que des recommandations, non des lois votées qu’il faut ab- solument appliquer. Elles ont souvent un pouvoir symbolique et sont le reflet d’une certaine structuration sociale. Malgré ce que l’on a tendance à penser, ce sont les institutions qui s’adaptent aux locuteurs et non l’inverse. Prenons un exemple: si l’Académie française tente de faire entrer un mot dans le vo- cabulaire français, mais que la majorité des locuteurs ne l’assi- milent pas, il ne sera pas retenu. Maintenant, ce à quoi fait face la féminisation des noms de mé- tiers, c’est principalement un problème d’usage. Comme l’ex- plique Vincent Arnaud : « On fait face à une féminisation partagée, il y a en effet des versions contra- dictoires dans l’usage même de certains mots. » Comme le fait remarquer M. Arnaud, beaucoup de noms de métiers féminins sont encore en grande concurrence parmi les locuteurs. Chercheure ou cher- cheuse ? Auteure ou autrice ? Chroniqueuse ou chroniqueure ? RÈGLES EXPÉRIMENTALES Certaines règles sur la féminisa- tion de la langue, encore expéri- mentales, voient peu à peu le jour, souligne également le professeur Arnaud. Il donne en exemple celle d’un classement alphabé- tique des groupes nominaux pour ne faire aucun « favoritisme ». En effet, le masculin l’a longtemps emporté sur le féminin. Le reflet des changements LA FÉMINISATION DES MOTS CAMILLE JOSSE On fait face à une féminisation partagée, il y a en effet des versions contradictoires dans l’usage même de certains mots. » - Vincent Arnaud

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